En matière d’innovation, le design typographique n’est pas en reste. Créatif ou fonctionnel, il continue à bousculer les codes afin de se faire remarquer et parfois à se réinventer pour une société plus inclusive.
Omniprésent dans le paysage visuel, s’affichant sur les enseignes, les signalétiques, les packagings, les livres, les écrans, partout où le regard se pose, le design typographique joue plusieurs rôles dans notre quotidien.
Son objectif est de rendre l’information lisible.
Mais aussi plus visible, quand il délivre un message à saisir entre les lignes au-delà de son contenu, renseignant – intuitivement – sur l’identité et les valeurs de l’émetteur, que ce dernier soit une institution, une entreprise ou une marque.
Et parfois plus accessible, quand le design typographique, grâce au dessin de ses lettres, permet d’offrir un accès à l’information au plus grand nombre.
En voici quelques exemples.
Les logo-typos
Typos sur-mesure, elles sont conçues en adéquation avec les valeurs et les ambitions de la marque, pour la rendre distincte et affirmer sa singularité.
Lafayette Anticipations
Pour les amoureux de l’art contemporain, une nouvelle institution à Paris a ouvert ses portes en mars dernier : la fondation Lafayette Anticipations.
Créée par le Groupe Galeries Lafayette et la famille Moulin pour soutenir la création contemporaine en offrant aux artistes un espace et des moyens uniques pour produire, expérimenter et exposer, sa typo qui se fait logo ne pouvait être que hautement créative et contemporaine.
Inspirées par le concept d’anticipation, ses lettres dynamiques se dissimulent et se révèlent en partie, plutôt que de s’exposer et de se montrer en entier.
Conçues par l’agence londonienne Wolff Olins en partenariat avec la fonderie typographique américaine Colophon, les lettres ont été découpées de manière aléatoire grâce au développement d’un algorithme, impliquant une ingéniosité mathématique et codes, pour procurer une impression de mouvement constant et offrir des combinaisons inédites à chaque écriture.
La Future London Academy
Fondée à Londres en 2013, la Future London Academy propose aux professionnels créatifs des conférences, des tables rondes et des ateliers de design : design d’objet, design graphique, design de marque, design d’intérieur…
Dans le cadre de la refonte de son identité visuelle, l’agence russe ONY en collaboration avec Oliver St John et Michael Wolff – fondateur de la même agence Wolff Olins citée plus haut (que le monde est petit !) – a imaginé une typo également logo, très audacieuse.
Inspirée par l’architecture de Londres et particulièrement du gratte-ciel « 30 St Mary Axe » – aussi appelé « The Gherkin » (le Cornichon) – la typo est caractérisée par la forme du triangle, passant de l’Helvetica à une approche beaucoup plus personnalisée, avec des lettres abstraites et géométriques. Le rythme de la ville toujours et le reflet de ses objets sur les vitrines de ses « buildings » ont inspirés quant à eux, le concept de réfraction ; une interprétation artistique et très osée, mais qui lui permet d’expérimenter une écriture typographique en 3D, qui finalement fait bien écho aux réflexions sur le design.
Les typos inclusives
Typos fonctionnelles, elles ont été concues par leurs designers, presque à l’opposé des typos de marque à l’objectif de « distinction », en vue de rendre plus lisibles et accessibles l’information à une partie de la population en difficulté de lecture.
L’Easy Reading
Créée en 2017 par le designer italien Frederico Alfonsetti, l’Easy Reading est une typo conçue afin de faciliter la lecture pour les personnes dyslexiques, soit composant 10% de la population.
Après dix ans de recherches et de nombreux tests de compréhension menés auprès d’enfants dyslexiques, les 811 signes (lettres, chiffres, ponctuations, symboles…) ont enfin pu voir le jour.
Tout le secret de cette typographie réside dans l’empattement de ses lettres :
_ sans empattement pour le pied avant de la lettre,
_ avec empattement pour son deuxième pied.
La typo intègre aussi un travail minutieux quant à l’espacement entre les lettres et ses interlignes.
Des bruits courent que le géant de l’informatique, Microsoft lui-même, se montrerait intéressé par l’intégration de cette police d’écriture dans ses logiciels.
Ce qui serait plutôt une bonne nouvelle.
La Braille Neue
Autre typo inclusive, la Braille Neue a été lancée en 2017 aussi, par le designer japonais Kosuke Takahashi.
Proposée pour équiper les espaces publics à l’occasion des Jeux Olympiques 2020 au Japon, cette typo combine le système d’écriture en relief du braille au dessin typographique.
Nous ne savons pas encore si la proposition a été acceptée, mais en tout cas, cette écriture aux lettres claires et joliment dessinées participe à la démocratisation et à l’apprentissage du braille.
Conclusion
Qu’il serve le design de marque ou le design du quotidien, les réflexions autour du design typographique intègre les mêmes tensions et enjeux que le design en général : créer un objet singulier ou bien un objet fonctionnel à l’usage
de tous ?
Chez Luciole, on préfère envisager les deux à la fois.