Un vent de tempête souffle dans l’aéronautique et nous ne pouvons qu’être attristés par la difficulté d’une compagnie aérienne historique et par la potentielle disparition d’une marque de plus de 70 ans ! On ne peut qu’espérer que les “oiseaux” azur continueront de voler longtemps au départ d’Orly et avec eux, un personnel attaché à cette belle aventure de la conquête du ciel.
Une belle histoire et quelques turbulences en bref
Aigle Azur n’est pas une petite compagnie parmi d’autres ni une « start-up » de l’aérien en mode low-cost comme il en existe un peu partout autour du globe. Seconde compagnie aérienne française, c’est d’abord une aventure aéronautique née en 1946, soit deux décennies avant la démocratisation de l’aviation commerciale.
Seconde compagnie aérienne française, c’est d’abord une aventure aéronautique née en 1946, soit deux décennies avant la démocratisation de l’aviation commerciale.
C’est d’abord sur des territoires d’Afrique du Nord et d’Asie que la compagnie s’est développée, lorsqu’Aigle Azur déployait des DC3 à la livrée argentée d’un métal éblouissant sur les tarmacs de Beyrouth, d’Alger ou de Tunis, mais aussi dans les villes indochinoises.
Quelques mésaventures plus tard, Aigle Azur renaissait de ses cendres à plusieurs reprises avec l’intervention de repreneurs et l’opportunité de se développer sur des lignes délaissées, notamment vers l’Algérie, la Tunisie, mais aussi au Cap Vert ou au Maroc, voire en Irak avec une liaison Paris-Bagdad en 2010.
Plus récemment, la compagnie blanche et bleu azur assurait la desserte de pays souvent délaissés par les majors, en ouvrant des lignes vers les capitales d’Afrique de l’Ouest ou de manière plus hasardeuse, vers la Russie, avec une ambition long courrier mal maîtrisée et les difficultés qu’on lui connaît aujourd’hui.
Coup de rétro sur l’identité visuelle ou coup d’œil dans le rétroviseur
Si les premiers avions d’Aigle Azur portaient un marquage simple et d’une grande sobriété — un éclair azuréen blanc sur le métal nu des DC3 jusque dans les années 50, ainsi qu’un logo composé d’un aigle surplombant une terre — il faudra attendre 2012 pour que les caractères passent en bleu nuit et en lettres capitales sur des carlingues blanches, tout en conservant un empannage orné des vagues bleu azur de l’ancien logo.
Une typographie et donc une marque très lisible (et c’était très probablement l’objectif) mais une identité visuelle qui aurait mérité de puiser dans l’ADN de la compagnie pour retrouver un peu plus d’élégance et de singularité visuelle pour se démarquer des livrées actuelles et pour certaines très créatives des autres compagnies prétendument à bas coût.
Souvenir d’une certaine élégance à bord
Nous avions eu l’occasion de photographier une femme commandant de bord — avec Vincent Bourilhon derrière son boitier Nikon et Paris Aéroport en initiateur de cette belle campagne à Orly — et nous avions rencontré alors un personnel navigant « chic et classe », dont les femmes « PNC » rappellent les hôtesses des années 60 avec leur calot toujours en dotation chez Aigle Azur. Avec style et panache, l’élégance quasi intemporelle de cette époque nous avaient immédiatement fait penser à cette image d’un superbe équipage façon Léonardo di Caprio entourée de sublimes hôtesses dans « Catch me if you can ».
De nouveaux chapitres restent à écrire
L’Aigle renaitra-t-il de ses cendres ? Nous n’avons pas à l’agence les compétences pour livrer une analyse économique et financière de la situation, mais nous ne pouvons décidément pas nous réjouir du déclin d’une marque historique, dans l’aérien comme ailleurs.
UTA, Pan Am ou TWA étaient des marques assez mythiques, disparues aujourd’hui (curieusement, la marque TWA nous revient avec une expérience hôtelière unique à l’aéroport JFK (Terminal 5) à vivre absolument lors d’un prochain stop à New-York !).
Aigle Azur sera-t-elle, avec le concours d’un nouvel actionnaire et d’un nouveau projet entrepreneurial, une « bonne » low-cost française long courrier, à l’instar de British Airways et de sa filiale Level ?
Ou passera-t-elle sous les couleurs d’une autre compagnie pour préserver des emplois, des dessertes rodées en Afrique et de précieux « slots » à Orly absolument stratégiques ?
Qu’elle vive ou renaisse, c’est ce qu’on lui souhaite !