Créer une fonte typographique est une véritable quête du Graal pour tout designer (typo)graphique. C’est un travail qui ne s’improvise pas et laisse peu de place au hasard, quand il est question d’œil aiguisé, de gestes précis et de rigueur d’exécution.
Dessine-moi une typo
Le dessin de caractères typographiques est un travail rigoureux et très spécifique dans le monde du design. Si des studios se sont spécialisés dans la création de fontes de caractères — et qu’on appelle plus souvent des « fonderies » — beaucoup de ces nouvelles familles de caractères que nous utilisons sont signés par de grands noms du design et dont la spécialité est justement d’être des « typographes » : Jean-François Porchez a signé le Parisine, typo emblématique du métro parisien depuis 1996, et plus récemment Mathieu Réguer a répondu à une commande pour dessiner la nouvelle police de caractère de l’État, la Marianne©, sous la direction de l’agence 4uatre.
Sans oublier de grands typographes qui ont marqué leur époque, à l’image d’Eric Gill ou d’Adrian Frutiger et leurs polices éponymes, Meindiger et la fameuse Helvetica (1960), Erik Spiekermann et sa « Meta » conçue pour la poste allemande, ou parmi les plus contemporains, Neville Brody qui a retouché au dessin du Times, Ruedy Baur, Etienne Robial ou Pierre di Sculio qui ont marqué nos années d’écoles ou en agence. Il est impossible de tous les citer !
Si on aime repenser et travailler le territoire graphique des marques, qu’il s’agisse d’un logo, d’un univers ou « système » graphique et donc d’une charte (couleurs, formes, iconographie…), le choix de la typographie ne doit jamais être négligé car il est l’un des premiers champ d’expression de la marque, en mots, en lettres, en chiffres et en signes.
S’il est plus volontiers question de proposer des « fontes » typographiques existantes et dont nous pensons qu’elles seront pertinentes et utiles dans cette magnifique boîte à outils que constitue la charte graphique, il nous titillait de proposer à nos clients des caractères sur mesure… Alors quand l’Assurance retraite Île-de-France nous a sollicités afin de repenser sa charte graphique pour leurs partenaires action sociale, nous n’avons pas hésité à leur proposer de dessiner un caractère spécifique pour accompagner sa communication.
Une typographie exclusive
C’est ainsi qu’un binôme directeur artistique-graphiste à l’agence a imaginé puis dessiné un alphabet de lettres originales, tout en capitales, pour créer une police de « titraille ». Une fonte dédiée aux grands titres des publications dédiées aux partenaires de l’Assurance retraite Île-de-France en matière d’action sociale, qui permet désormais à l’institution d’ajouter un nouvel élément de différenciation dans sa prise de parole, quand le design typographique apporte de la singularité à la marque.
Plus généralement, une marque choisit son ou ses caractères typographiques parmi la multitude de caractères déjà existants ! Vogue utilise la Bodoni, WhatsApp la Futura et Luciole l’Helvetica, pour ne citer que quelques magnifiques exemples, quand des marques comme Air France, Lacoste, Veuve Cliquot, Vinci, ou Peugeot (liste non exhaustive) disposent de leur(s) propre(s) police(s) de caractère dessinée(s) spécialement, sans oublier les grands titres de presse écrite, à l’instar du Monde, du Times ou du Guardian.
Le processus créatif
Créer une police de caractère n’est pas chose aisée. D’une part cela demande du temps et de la rigueur, quand chaque caractère, chaque lettre, chaque chiffre, chaque signe, est dessinée spécialement et avec beaucoup de patience pour ajuster certains couples de lettres (AT, Ta, AV, Vo par exemple) sans oublier les incontournables ligatures et autres lettres liées (ff, fl, ffl, æ, œ, etc).
Mais aussi une certaine technique et des logiciels spécifiques qui permettent d’être extrêmement précis dans les tracés et de contrôler de nombreux paramètres essentiels comme peuvent l’être la hauteur du « x », la chasse du « M » ou du « W », l’épaisseur et la longueur des fûts, les empattements ou encore l’approche. Sans oublier le joli « 7 » et le « 4 » pas toujours évidents, la rondeur d’un « 0 », d’un « 3 » ou d’un « 8 ». Et sans omettre de penser aux accents ‘ ¨ ^ ° aux parenthèses et autres signes si courants dans notre quotidien : @ $ € %, entre autres.
Si le dessin d’une fonte typographique doit être original et reconnaissable, il doit être mesuré et apprécié pour ne pas impacter… sa lisibilité ! De l’usage attendu de la fonte dessinée spécialement découle son degré d’excentricité : un caractère de titre, plus gros et plus lisible, permet toujours plus de folies qu’un caractère de labeur, utilisé pour écrire de longs textes.
Luciole vous accompagne sur l’ensemble de vos problématiques liées à l’identité de marque, avec toujours la même quête de sens et de signes ! Et vous invite à explorer toutes les possibilités qu’offre ce privilège de disposer d’un caractère dessiné spécialement, qu’il soit réalisé à l’agence ou avec le concours d’un typographe partenaire.