La semaine dernière, Honda annonçait la mise en place d’une nouvelle génération de klaxons, directement inspirés des emojis, qui permettraient d’émettre différents sons selon son émotion… Il s’agissait en réalité d’un poisson d’avril lancé par la marque japonaise, mais qui démontre que nos émotions sont de plus en plus traduites par l’intermédiaire… d’un clavier !
Cet exemple comme beaucoup d’autres, à l’instar de la campagne « Say it with Pepsi » qui intégrait des emojis dans ses packagings pour représenter l’humeur et la fantaisie de ses consommateurs ou bien la campagne publicitaire de Mcdonald’s qui mettaient en scène une ville entière d’humains Emojis, montre à quel point ces derniers ont influencé notre univers culturel et nos manières de communiquer.
Dans ces cas là, les emojis surjouent, de manière sympathique et avec beaucoup de connivence, les émotions des consommateurs, produisant des visuels pas toujours très réussis, mais qui attirent l’oeil du coeur de cible, certainement.
Dans d’autres cas — comme les Emotikarl de Karl Lagerfeld, les Monojis de Monoprix ou les emojis d’Ikea ou bien de Coca-Cola téléchargeables sur les stores — ils constituent un nouveau vocabulaire, inventé par les marques qui cherchent à intégrer leurs produits directement au coeur des conversations et du quotidien des consommateurs.
La Finlande elle-même s’y est mis dans le cadre de sa stratégie de marketing territorial, en publiant une collection d’emojis autour de thèmes caractéristiques du pays, composés d’émotions saupoudrées d’humour un brin ironique, toutes conçues pour expliciter des représentations mentales, des mots et des coutumes propres à la culture finnoise.
Ces marques ont très vite compris l’intérêt d’exploiter le langage des emojis, nourrissant l’espoir que les publics, plus jeunes, les fameuses générations Y et Z nées avec un clavier sous les doigts, s’en emparent et forment des communautés de fans.
Les emojis, un nouveau langage ?
« Les émojis fonctionnent comme un ensemble de symboles pictographiques destinés à pallier l’ambiguïté liée à certaines formes écrites de langage. Ils servent surtout à retransmettre des émotions, d’ordinaire plus faciles à communiquer à l’oral. Ils ne constituent donc pas, comme on le lit souvent, un langage à part entière, mais simplement un complément au langage » selon Jen Whistler, linguiste et directeur technique du Consortium Unicode.
Loin de l’appauvrissement du langage, ils constituent des marqueurs d’enrichissement qui représentent de l’émotion et génère de l’enthousiasme. Ils se substituent aux mots pour exprimer un sentiment ou le sens d’une phrase. Quasiment universels car figuratifs et émotionnels, il est inutile de savoir lire pour les comprendre.
La traduction de l’émotion que suscite une information est un levier clé pour tout annonceur aujourd’hui. Dans ce contexte, Facebook toujours pionnier l’a par ailleurs très bien compris, en implémentant cinq emojis, appelés « Réactions », à côté de son traditionnel « Like » pour décrypter les émotions et analyser de manière fine et pertinente le rapport quasi affectif de son public avec ses contenus.
Des emojis, en veux-tu, en voilà !
Apparus avec l’avènement des smartphones et des réseaux sociaux qui ont permis les échanges textuels instantanés, les emojis sortent de leur carcan initial pour impacter notre paysage culturel. En 2013, le roman Moby Dick a été entièrement traduit en emojis. Un film d’animation « Le monde secret des Emoji » sortira au cinéma en fin d’année.
Le 17 juillet ayant été décrété « Journée mondiale des emojis » (il en fallait bien une !), cela nous laisse 3 mois pour vous concocter une newsletter tout en emojis ou de créer une bibliothèque d’emojis Luciole et des visages rouges d’excellente humeur !