Paris-Orly tient une place à part dans le cœur des passagers et parmi eux, des franciliens qui régulièrement prennent l’avion avec des attentes qui ne sont plus celles d’une époque où ce temps passé dans un aéroport était vécu comme un voyage en soi. Martine prend l’avion est passé par là, et par Orly en particulier.
C’est un peu ce que nous raconte Orly, cet aérogare « moderne » inauguré par Charles de Gaulle mais qui n’en porte pas le nom, qui trouvait une place de choix dans les films avec Jean Gabin, Alain Delon et consorts… D’abord en noir et blanc avec quelques mythiques avions à hélices, du DC3 au magnifique Super Constellation, avant que la couleur ne vienne raviver la livrée des premiers « jet », 707 en tête, dont descendaient Audrey Hepburn, Fernandel, Simone Signoret ou Jacky Kennedy, sous les flashs crépitants des « photo-reporters ».
La démocratisation du transport aérien a fait pousser des ailes aux architectes talentueux d’ADP (Paris Aéroport, de son nom actuel) qui ont trouvé plus au nord de Paris un nouveau terrain de jeu, symbole de la folie des grandeurs, de perspectives de halls tout en longueur et haut de plafond, et autres « prouesses » du béton roi et plus récemment, du verre grand format.
On a cru qu’Orly allait dépérir, avec son image vintage, ses façades, ses couleurs et ses lustres « seventies » et les grandes compagnies qui l’ont peu à peu délaissé, abandonnant cet aéroport « trop petit » au profit d’un Paris CDG et ses 3 terminaux symboles de la conquête du ciel.
Air France y a néanmoins conservé son « court courrier » et sa Navette à « Ouest », tandis que la jeune et insolente Easy Jet a pris ses quartiers à Orly-Sud, dans un terminal historique (presque) laissé à l’abandon, dans cet aéroport de second rang partagé avec les Tours Opérateurs, les compagnies low cost, des compagnies méditerranéennes de petites capacités comme Air Maroc, Air Tunisie mais aussi Aigle Azur, illustre compagnie française. Ou plus récemment par la première compagnie à proposer des vols Paris – New-York exclusivement en classe affaire !
Quelques rénovations et autres grands projets plus tard — et il n’en manque pas, avec l’arrivée de deux lignes de métro et du TGV dans quelques années — notre aéroport historique se maintient dans la course avec une certaine insolence. Curieusement, ce sont les passagers qui y sont les premiers attachés, fréquentant avec plaisir les aérogares à taille humaine d’Orly Sud et Ouest, et bientôt un terminal flambant neuf qu’on appelle « Jonction », car il est destiné à relier les deux bâtiments historiques.
Qui fréquente Orly avec assiduité s’y attache, non pour des raisons culturelles ou nostalgiques d’une lointaine époque qui faisait rêver, mais peut-être parce que l’on s’y sent bien, proche de chez soi. Les trajets sont courts, les boutiques plus accessibles que ne le sont celles des aéroports « internationaux », mais aussi par les rencontres avec toutes ces personnes passionnées qui y travaillent avec coeur et qu’on sent véritablement attachées à « leur ville-aéroport ».
Et quand on aiguise sa curiosité, on découvre à Orly quelques joyaux qui invitent d’ailleurs quelques usagers de cette « galerie commerçante » à s’y rendre sans prendre l’avion, entre les habitants des environs qui y trouvent leurs capsules Nespresso, ou quelques autres prêts à venir de plus lion pour faire leurs emplettes chez Victoria Secret, seule boutique en France de la marque américaine de dessous féminins (Orly Ouest, en zone publique).
Pour quelques initiés qui connaissent les lieux sur le bout des doigts — et votre serviteur en est ! — il y a aussi cette magnifique terrasse de verdure (avec de la vraie pelouse !) qui coiffe le toit d’Orly Sud avec vue plongeante sur le tarmac et admirer quelques beaux levers de soleil, un café à la main avant un vol ou un shooting photos. À Orly-Sud toujours, on optera pour CUP, un concept-restaurant qui a fière allure avec ses immenses baies vitrées et sa cuisine de bistrot revisitée.
À l’agence, nous aimons Orly et nous y avons réalisé quelques belles images, en particulier pour le Groupe ADP à qui nous avons proposé Vincent Bourilhon, jeune et talentueux photographe dont on retrouvera beaucoup de ces images dans ce très beau livre des éditions La Martinière, que nous serons très heureux d’offrir au lauréat de notre petite tombola !
L’auteur : journaliste à France Info et France Inter, Frédéric Beniada est aussi écrivain et pilote. Spécialisé en aéronautique et défense, il s’occupe notamment sur France Info de l’émission « Chronique du ciel ».