Toujours en pleine forme 62 ans après sa naissance, la célèbre fonte helvétique se réinvente sous la plume talentueuse de la fonderie monotype.
Quel est le point commun entre les marques Luciole, Lufthansa, Knoll, Evian, Orange, Jeep, Hoover, Motorola, Harley-Davidson, Toyota, 3M, Scotch, Microsoft, Epson, American Airlines, Nestlé, Post-it, The North Face, Fendi, Skyteam, ou encore Tupperware ?
Toutes utilisent l’Helvetica dans leur marque ! Comme c’est le cas de la signalétique du métro de New York, de celle de la ville de Hong-Kong et de celle de la ville Singapour, ou de l’interface de l’iPhone.
Même Microsoft, qui pourtant avait commandé la création de l’Arial pour ne plus avoir à dépendre des coûts de licence de la fameuse typographie suisse, conservera pourtant celle-ci dans son logo ! Et diffusera à ses clients son « Arial », plus impersonnelle et moins élégante.
Petit retour historique…
C’est sous la direction d’Édouard Hoffman, directeur de la fonderie Haas à Bâle (Suisse), que Max Miedinger imagina en 1957 l’Helvetica en s’appuyant sur le dessin de l’Akzidenz-Grotesk, typographie linéale de la fin du siècle précédent, avec un objectif : dessiner une gamme de caractères aux mensurations parfaites pour atteindre l’harmonie optique la plus aboutie possible.
Adoptée et adulée par les graphistes et designers du monde entier et dont elle reste encore aujourd’hui la police universelle qu’il faut toujours avoir sous la main, la célèbre police reste la fonte de caractères la plus utilisée en France et dans le monde, même si certains lui préfèrent d’autres linéales toutes aussi célèbres, comme l’Univers s’il ne fallait en citer qu’une.
Réelle avancée du 20e siècle, l’Helvetica est une fonte neutre, dans le plus pur esprit Bahaus [voir notre précédent Post] : servir l’intérêt général et faire ressortir le contenu et non le caractère en lui-même.
La police la plus utilisée au monde, la plus lisible aussi — qui se souvient de ces beaux caractères utilisés sur les fameux tableaux des ophtalmologues qu’on lisait en se masquant un œil ? — offre depuis son origine une multitude de graisses qui font de sa « valise » de caractères la boîte à outils idéale du designer.
Le couteau suisse de tout graphiste
L’Helvetica est ce « couteau suisse typographique » que tout designer devrait toujours avoir dans sa poche ! Une police universelle avec laquelle on peut tout faire, partout et pour tout.
En 1983, le studio Linotype s’était attelé à une première refonte pour créer la Neue Helvetica, sous la main du typographe Wolfgang Schimpf, qui promettait d’imposer cette nouvelle série comme la digne héritière de l’école typographique suisse. On a travaillé l’Helvetica et la Neue sur les Macs apparus fin des années 80, sur Quark X-Press (magnifique outil au service de la mise en page) avant de basculer sur InDesign et la fameuse trilogie d’Adobe au début de ce siècle. Sans jamais nous interdire d’accompagner cette magnifique police, neutre et efficace, par des caractères plus « tendances » ou plus simplement, à empattement.
Les nouvelles générations pensaient pouvoir se débarrasser si facilement de cette vieille dame au profit de fontes plus actuelles, moins classiques et plus « millenial » ?
C’est un combat perdu d’avance, car l’Helvetica n’a pas fini de s’imposer et de faire parler d’elle, avec cette année un magnifique lifting ! Un peu comme Porsche et son incontournable 911 nés la même année que l’Helvetica et que personne ne parvient ou ne veut enterrer…
Welcome to Helvetica Now!
Partant du célèbre mantra suisse « Clarity, simplicity, neutrality », 40 000 caractères ont été repensés pour en améliorer la lisibilité et les performances d’utilisation.
En résulte une lecture plus confortable et une meilleure clarté, en partie due à l’amélioration des formes et des espacements. Helvetica Now est donc simplement l’adaptation nécessaire de cette police reine aux supports de création et de lecture développés ces trente dernières années.
C’est plus qu’un rafraîchissement ou un « lifting » : en repartant du dessin original de la célèbre fonte, les designers et ingénieurs de Monotype sont allés travailler chaque détail de celle-ci pour la projeter dans notre époque en prenant en compte l’utilisation digitale qui aujourd’hui domine.
Qu’il s’agisse de caractères à redessiner, tels que le « @ » ou le G et le R, ou d’une ponctuation plus arrondie, les typographes se sont surtout attardés sur les tailles des caractères et notamment sur leur lisibilité en petite taille (inférieure à 7 points), avec une nouvelle approche de l’interlettrage.
Better shapes
Better spacing
Better features
L’Helvetica Now n’est pas juste une nouvelle typographie, ce sont plutôt 48 fontes dans 3 catégories distinctes : Micro, Text et Display. À découvrir chez Monotype, son éditeur, qui lui réserve une magnifique « One page » très ludique , ou chez vos détaillants habituels. L’Helvetica est bien vivante, bien portante et sait s’adapter à son époque comme elle l’a toujours fait. Et c’est pour ça qu’on l’aime !
Source : Monotype.